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Formation psychanalytique

Procédure de formation et de nomination d'un psychanalyste au sein d'ESPACE ANALYTIQUE, qui est assurée par toutes les associations lacaniques en France ou à l'étranger sur la scène internationale :

Les associations lacaniennes choisissent le gaz relativement difficile de la formation du psychanalyste. Au sein tant de l'association internationale que de l'association lacanienne, la formation du psychanalyste repose sur trois axes principaux : l'analyse personnelle ou sinon didactique, l'encadrement, sinon l'analyse de contrôle (en jargon lacanien) et la formation théorique.

L'analyse personnelle est la partie la plus importante de la formation, cependant contrairement au standard de l'Association Psychanalytique Internationale (300 heures), les heures d'analyse didactique ne sont pas définies. L'analyse du candidat peut se poursuivre pendant de nombreuses années, jusqu'à ce que l'analyste et le candidat soient tous deux convaincus que l'analyse didactique est véritablement terminée ou qu'elle est suffisamment approfondie pour que le sujet prenne la place du psychanalyste et écoute l'autre.

Pour que le candidat obtienne le statut d'analyste par l'établissement, il est nécessaire d'avoir au moins 5 ans de pratique analytique auprès de patients (pas nécessairement au sein du cabinet, mais également au sein de l'établissement) et de subir une analyse de contrôle auprès de deux superviseurs différents. pour 2 ans. Au départ, le candidat est un participant qui, parallèlement à une formation théorique, entame une analyse didactique avec l'analyste membre de l'association dans le cadre de l'association. Plus tard, sur décision du jury, il reçoit le statut de membre associé et après 5 ans de pratique analytique et d'analyse de contrôle, le statut d'analyste praticien (la présentation du candidat devant la commission du jury est cruciale). Après 10 ans de pratique analytique et 5 ans de supervision, un confrère ayant le statut d'analyste praticien (c'est-à-dire un psychanalyste de formation) peut éventuellement (ce qui n'est plus une nécessité) présenter devant deux groupes de juges différents, qui doivent décider de la l'adhésion à part entière du candidat. Pour obtenir l'adhésion à part entière, le candidat doit avoir contribué au développement de la psychanalyse (en savoir plus sur la formation psychanalytique dans les associations lacaniennes ici).

Formation et délivrance de qualification:

Dans la partie formation du texte fondateur de l’Association Espace Analytique on lit :

​« Aucune autre activité dans le processus de formation analytique ne peut remplacer l'analyse personnelle du candidat, ainsi que l'encadrement de la pratique clinique de ce dernier. Le candidat peut subir une analyse personnelle avec un analyste membre d'Espace Analytique, ou avec un analyste membre d'une autre association reconnue par Espace Analytique. La commission et le jury prennent en compte non seulement l'analyse personnelle (en fait) et l'encadrement, mais aussi l'expérience psychanalytique du candidat tout au long du processus de formation, ainsi que sa pratique et son parcours analytique. Si le candidat n'est pas connu des membres du jury, ceux-ci se réservent le droit de s'adresser au superviseur du candidat, ou dans les cas extrêmes à l'analyste, qui devra confirmer le travail personnel ou clinique effectué par le candidat. La commission se concentre également sur les aspects éthiques de la pratique clinique du candidat. Malgré toutes les procédures évoquées ci-dessus, l'analyste n'est reconnu et connu que et uniquement et prioritairement par ses propres patients, et l'association Espace Analytique est garante de la qualité de la formation de l'analyste.

​L'association Espace Analytique, comme d'autres associations lacaniennes, adhère au protocole suivant pour la formation de l'analyste, qui comprend 5 statuts différents :

1. Participant : Un candidat souhaitant débuter une formation psychanalytique postule au comité d'admission de l'Espace Analytique, partageant cette envie et essayant de justifier son intérêt pour la psychanalyse et la pratique analytique. Après l'entretien avec le comité d'admission, le candidat entame une analyse personnelle et participe à des séminaires de formation et à d'autres activités théorico-cliniques organisées par l'association. Dans de nombreux cas, les jeunes candidats suivent une pratique clinique en tant que stagiaires ou en tant que psychologues cliniciens au sein de diverses institutions, ce qui précède le début d'une pratique personnelle et privée au cabinet.

2. Membre associé (Adhérent) de l'Espace Analytique. Ceux qui fondent leur pratique clinique sur la psychanalyse ou travaillent dans des institutions liées à la psychanalyse sont appelés membres associés. Les membres associés sont des analystes en formation qui ont exprimé le désir de participer aux activités de l'association Espace Analytique, tant au niveau de la formation que de l'organisation, ou qui aident l'association dans la diffusion de la psychanalyse. Le statut de membre associé est accordé dans le respect des statuts d'Espace Analytique. La procédure de nomination est effectuée par le Conseil d'administration. Un membre associé peut assister au conseil général et aux assemblées des membres, mais ne peut pas exercer pleinement son droit de vote.

3. Analyste praticien de l'Espace Analytique Le statut d'analyste praticien de l'association sera attribué au candidat en formation parmi les psychanalystes déjà formés. La commission d'admission examinera la demande du candidat de comparaître devant le jury et d'obtenir le statut d'analyste. Le candidat passe trois entretiens avec trois analystes membres différents. Lors des entretiens, le candidat raconte sa propre expérience subjective de formation et le parcours qu'il a parcouru (analyse personnelle, encadrement, formation théorique). Les membres du jury interrogeront le candidat sur sa pratique analytique et son expérience clinique. La commission peut entendre l'opinion du superviseur du candidat concernant l'aptitude du candidat à mener une pratique analytique. Le candidat analyste est très rarement impliqué dans la procédure décrite par le comité d'admission. Il peut être demandé à l'analyste de confirmer si le candidat a réussi l'analyse, l'a terminée ou est en train d'être analysé. Afin d'obtenir le statut d'analyste en exercice, le candidat doit remplir deux conditions : il doit avoir au moins 5 ans de pratique analytique et 2 ans de supervision.

4. Analyste membre d'Espace Analytique (Membres). Pour qu'un analyste en exercice devienne membre à part entière de l'association, avant la réunion de la commission du jury, il doit passer deux entretiens avec le secrétariat de la commission d'accueil, et le deuxième entretien avec les membres de cette commission. Dans un deuxième temps, le candidat nomme lui-même la commission du jury, cependant, la procédure démarre si le candidat répond aux critères d'adhésion nécessaires :

Une analyse personnelle terminée ou proche de la phase finale

Le candidat doit avoir au moins 10 ans d'expérience en analyse

Doit avoir supervisé au moins 2 cas analytiques avec 2 superviseurs différents

Le candidat désigne un comité de jury composé de 4 analystes : comme au moins 2 analystes doivent être membres de l'Espace Analytique, 2 peuvent être membres d'autres associations psychanalytiques, si l'association reconnaît les institutions où ils ont été formés. 2 psychanalystes de l'association sont tirés au sort pour la commission du jury, et deux analystes sont nommés par la commission d'admission elle-même. Le jury interrogera le candidat sur son parcours À propos : Comment il a décidé de devenir analyste, comment il a commencé l'analyse personnelle, puis la supervision et la pratique clinique, quelles difficultés il a rencontrées pendant cette période. Un candidat à l'adhésion est également interrogé sur ses publications et ses travaux théoriques et pratiques, qui peuvent inclure des conférences dans un cadre universitaire ou des séminaires au sein d'une institution psychanalytique. Le jury prend également en compte la participation du candidat à des conférences, colloques, congrès, rapports présentés par lui. Un analyste membre qui accepte d'être membre du jury de la commission d'admission est tenu d'évoquer sa propre expérience de membre du jury lors d'une réunion des membres de l'association, avec la pleine protection de la confidentialité du candidat, dont le protocole n'est jamais strictement écrit dans avance.

Le jury se réunit 4 fois avant de prendre une décision. Trois fois avec un candidat et une fois sans candidat. Ni l'analyste du candidat ni son encadrant n'ont le droit de participer à la commission du jury. Les membres du jury changent après chaque réunion. Un membre du jury, ayant par exemple assisté à la première réunion, ne peut plus participer à la deuxième réunion. La procédure de jury dure un an. Si le candidat refuse, la commission lui donne un an. Au bout d'un an, le candidat demande à nouveau la composition de la commission du jury et la procédure recommence. La nomination du membre est ratifiée par le Conseil d'administration.

La formation du psychanalyste comme sujet de raisonnement (Alain Vanier. Extrait du livre "Introduction à la psychanalyse")

Les premiers étudiants de Freud n'analysaient pas au sens strict du terme. Néanmoins, il existe de nombreuses preuves que l'analyse a eu lieu dans le cercle de Freud. Que ce soit lors de conférences à l'université ou lors de réunions organisées chez Freud, les participants discutaient de leurs propres rêves ou des aspects cliniques et des symptômes du travail avec des patients. Ils ont essayé de répondre aux questions liées au travail clinique en analysant leurs propres rêves et fantasmes. La nouveauté, la joie du progrès théorique, le désir de recherche et de découverte ont constitué la base d'une sorte de processus analytique dans ce premier groupe. Après un certain temps, certains analystes se sont tournés vers Freud pour analyse. Ces séances analytiques avec les premiers étudiants impliquaient non seulement un travail analytique mais aussi des discussions théoriques et cliniques, ainsi que des conseils que Freud donnait aux praticiens débutants venus analyser avec lui. En 1910, l'Association Psychanalytique Internationale (IPA) a été fondée lors du deuxième congrès de psychanalyse à Newnberg. Lors de ce congrès, Freud conseille vivement aux psychanalystes de soumettre leur formation à une analyse personnelle. Cet appel n’existe jusqu’à présent qu’à titre de recommandation plutôt que de règle, même s’il est devenu de plus en plus clair à cette époque que l’analyse personnelle de l’analyste, ou comme on l’appelle souvent l’analyse didactique, était un aspect central de la formation psychanalytique. La formation d'analyste a été standardisée à l'Institut psychanalytique de Berlin, fondé en 1920. Peu de temps après la création de l’Institut de Berlin, il est devenu possible de former des analystes selon certaines règles. Cette étape, qui a soumis la formation et la sélection à certaines règles dans le temps, a coïncidé, comme le souligne Bernfeld, avec le diagnostic de cancer de Freud : il fallait créer des garanties pour la continuation du mouvement et de la recherche psychanalytique. La décision concernant la nécessité d'une analyse didactique, prise lors du Congrès de l'Association psychanalytique internationale en 1922, reste toujours une question problématique. Le modèle proposé par l'Institut de Berlin est devenu une norme commune à tous les instituts de formation IPA. Toutes les étapes de la formation analytique, même la décision du candidat de commencer l'analyse, étaient soumises aux évaluations et aux conclusions de la commission. L’école psychanalytique française, notamment Jacques Lacan, attache une importance centrale à la question de la formation des psychanalystes. Même au sein de l’IPA elle-même, il n’existe toujours pas d’accord complet sur les questions liées à la formation des analystes. Les sociétés associées à l'IPA dans différents pays développent des approches plus ou moins différentes. Le contrôle (fait référence à l'une des parties constitutives de la formation psychanalytique, la supervision. L'école française, notamment les associations lacaniennes, préfèrent le terme de contrôle ; analyse de contrôle. Aujourd'hui, ces termes en France as (des synonymes sont utilisés).​À l'Institut de Berlin, le contrôle clinique des cas (supervision), ainsi que l'analyse personnelle, sont devenus la deuxième règle de formation nécessaire. Un analyste raconte son cas clinique à un autre analyste, beaucoup plus expérimenté. Cette pratique, avant d’être introduite comme règle, existait de manière informelle bien plus tôt dans les cercles d’analystes de première génération. Tout d’abord, l’analyse didactique de l’analyste n’était pas nettement séparée du contrôle. Le terme contrôle était basé sur une circonstance particulière : si la formation d'un jeune analyste devait être basée sur son travail avec les patients et l'expérience acquise, alors l'Institut de Berlin était obligé que le jeune analyste suive une formation endo-patient au sein de cet institut. Bien que la formation théorique des praticiens novices soit suffisante et que leur analyse personnelle soit assez avancée, il devint nécessaire de superviser le traitement produit par ces praticiens novices par les analystes plus expérimentés de l'Institut. Ils protégeaient ainsi les patients. L'analyste qui supervise le cas clinique se réserve le droit d'interdire à l'analyste stagiaire de travailler avec un patient en particulier et de le référer à un autre analyste si nécessaire. Un tel statut de contrôleur, son lien avec l'analyse personnelle et les contraintes imposées par l'institution, ont fait de cette nécessaire procédure de formation de l'analyste un sujet de discussion, qui s'exprime clairement dans la diversité terminologique par laquelle cette pratique est désignée. : contrôle, supervision, contrôle analyse, super-écoute, quatrième analyse, etc. Ainsi, la formation d'un psychanalyste se compose de trois parties principales : l'analyse didactique, sinon personnelle, le contrôle et l'institution, c'est-à-dire De l'enseignement théorique au sein du groupe et du collectif. Cette circonstance donne lieu à un « dilemme insoluble » : « d'une part, la psychanalyse ne peut pas s'adapter à l'institutionnalisation et résiste toujours aux tentatives d'institutionnalisation, d'autre part, Pour devenir psychanalyste, il faut participer aux relations et aux échanges qui s'établissent entre plusieurs, ce qui fait que sans institutionnalisation il n'y a pas d'analyste, et donc pas de psychanalyse » (M. Safouan, Jacques Lacan et la question de la formation des analystes, Paris, Seuil, 1983). Safuan note également que la formation d'un psychanalyste est très différente de tous les autres cas de formation et d'éducation professionnelles, car, comme il le dit, la formation d'un analyste « n'a rien à voir avec la formation d'un modèle standard de travail et de pratique, comme ainsi qu'à la transmission de connaissances pratiques et applicables". (dite analyse finale) Si l'analyse de l'analyste est l'axe principal de sa formation psychanalytique, la question se pose de savoir ce que l'on doit attendre de cette analyse et dans quelle mesure elle est-ce lié à la question de la fin de l’analyse ? Pour Freud, l'analyse personnelle de l'analyste devait être de courte durée, et cette analyse devait convaincre l'analysant de la réalité de l'inconscient, ce qu'il ne pouvait pas faire par le seul enseignement théorique. Après avoir complété l'analyse personnelle, l'analyste pourrait, et même de préférence, passer souvent par plusieurs tranches d'analyse, des analyses épisodiques. Cette modeste ambition montre bien l'attitude de l'analyste à l'égard de l'analyse, car il sait que le processus analytique ne se termine pas avec la cessation de son analyse personnelle. Contrairement à Freud, pour Ferenc, qui a qualifié l'analyse personnelle de l'analyste de deuxième règle fondamentale de la psychanalyse (sans laquelle la capacité particulière de l'analyste à écouter et à prêter attention ne peut être développée), l'analyse personnelle de l'analyste doit être la plus profonde, la plus complète et la plus exhaustive. Ferenczi a souligné une circonstance importante partagée par tous les analystes aujourd’hui : il n’y a pas de différence entre l’analyse thérapeutique (généralement avec des patients) et l’analyse didactique (avec des candidats). C'est au sein de l'Institut de Berlin que l'une des figures marquantes de l'analyse didactique, Hans Sach, a complètement exclu l'enseignement théorique et le contrôle du processus de formation des candidats, contrairement au premier modèle de formation proposé par le même institut. Les questions de fin d’analyse et de formation du psychanalyste sont inévitablement liées. Le but ultime de l'analyse sert souvent d'idéal à l'institution psychanalytique, ce qui soulève des problèmes à la fois pratiques et théoriques : quelle fonction l'institution analytique peut-elle remplir, si l'on considère que le but de l'analyse personnelle est d'ouvrir ces nœuds psychiques internes sous l'influence dont le sujet peut faire partie de la psychologie de groupe ? Dans l'ouvrage « Analyse finie et inachevée », Freud note que le terme « analyse terminée » est de nature polysémique. « On peut parler de fin d'analyse même lorsque l'analyste et le patient ne se rencontrent plus, pour faire un travail analytique pendant une heure » (S. Freud, « L'analyse avec fin et l'analyse sans fin ", 1937), considérant que le patient ne doit plus souffrir de symptômes, les angoisses et les interdits intérieurs doivent être surmontés, et l'analyste doit s'assurer que l'analyse est suffisamment profonde pour empêcher le patient de répéter les processus pathologiques s'il est interrompu. Cependant, le concept d'analyse achevée contient pour Freud des objectifs bien plus ambitieux : l'analyse doit être amenée au point où sa suite devient dénuée de sens, la suite de l'analyse, dans le cas de l'analyse finale, ne doit pas apporter quelque chose de nouveau pour le patient. Dans le même article, Freud parle de certaines limites difficiles à surmonter auxquelles toute analyse est confrontée. Ces préoccupations sont liées aux débuts et à la castration, au mur de castration, qui se manifeste dans le désir de la femme d'avoir un pénis comme un complexe fondamental qui ne se réduira plus à rien, et dans le déni de la féminité de l'homme. De ce point de vue, Freud se distingue de Ferenc qui, au contraire, croyait que surmonter l'un et l'autre obstacle était une condition nécessaire à l'achèvement de l'analyse.

 

Avec Lacan

La standardisation de la formation a souvent fait l’objet de critiques à différentes étapes de l’histoire de la psychanalyse. S. a publié des ouvrages remarquables sur ce sujet. Bernfeld et Mustafa Safuan, qui commentent à leur tour le travail de Bernfeld. On peut affirmer avec certitude que la crise commencée en 1953 au sein de l'école psychanalytique française, qui a contraint certains analystes à quitter l'IPA (notamment ceux qui se distinguaient par leur travail didactique au sein de cette organisation), a jeté les bases d'un nouveau débat sur la formation de l'analyste. Tout le monde se souvient bien que les analystes de l’IPA qui étaient en conflit avec Lacan critiquaient Lacan non pas pour ses aspects théoriques ou son enseignement, mais pour sa pratique analytique, qui le séparait de la procédure ritualisée de la séance analytique. La durée variable des séances introduite par Lacan était le seul et le plus important point de discorde, qui entra en conflit avec la durée standardisée des séances établie par l'Association internationale. Comme aujourd'hui, lors du schisme, la durée d'une séance psychanalytique en France est de 45 minutes, selon le standard de la Société Psychanalytique de Paris. Les analystes des associations lacaniennes font souvent référence au temps variable des séances, dont la durée dépend du déroulement de la séance, des aspects discursifs du patient et de nombreux autres facteurs transférentiels ou cliniques). Dans l’un de ses ouvrages de 1956, qui fit l’objet d’une polémique particulière, Lacan critique les institutions analytiques existantes à cette époque.

Les aspects institutionnels et la question de la formation de l'analyste deviennent le sujet principal de la pensée de Lacan. En 1964, il modifie les règles et le cadre de fonctionnement de l'institution, qui n'est pas un modèle fini, mais une situation qui doit servir de modèle lors de son fonctionnement et de son travail. Plus d’une association psychanalytique a tenté de réfléchir et de mettre en œuvre ces règles de fonctionnement de l’institution. Plus tard, Lacan reconnaît l’échec des changements mis en œuvre et annule l’institution qu’il a fondée. En 1967, Lacan précise les principaux aspects du fonctionnement de l'institution et propose en même temps une théorie sur l'achèvement de l'analyse (analyse complétée). Lacan a relié l'analyse personnelle, le fonctionnement de l'institution et la question de la fin de l'analyse, a exprimé l'opinion qu'il n'y a pas de formation de psychanalyste, il ne faut pas parler de formation de psychanalyste, mais de formation de l'inconscient. (la formation de l'inconscient du candidat). Selon cette vision, l'analyse personnelle n'a un effet didactique que si elle aboutit à une nouvelle forme de réorganisation et de structuration de l'inconscient, qui devrait être la base de la naissance du désir de l'analyste, la construction de ce désir comme le principal pilier de la position de l'analyste dans la séance.

Lacan a essayé de ne pas créer un système basé sur ses propres vues sur la formation de l’analyste. Rappelons que Freud a reproché à Adler d'avoir créé un système à partir de la théorie. Selon Lacan, l’analyste, malgré les procédures liées à la formation, se permet finalement d’être analyste. Plus tard, Lacan complétera cette formule et dira que dans ce processus d'autorisation de l'analyste d'autres participent aussi, mais surtout l'analyste lui-même est le garant de répondre et de prendre sa place. Dans les sociétés analytiques traditionnelles, il fut un temps où on demandait à un candidat de signer un document lui interdisant d'accepter des patients en attendant la conclusion de la commission, ce qui représentait en même temps une sorte de fraude, puisque la plupart des candidats avaient déjà commencé une pratique analytique. . L'expression de Lacan selon laquelle le candidat lui-même est le garant du devenir analyste fait référence à la relation entre le patient et l'analyste, dans laquelle l'analyste est obligé de faire face aux difficultés de manière indépendante et de ne pas être constamment dépendant d'autrui. L'analyste ne doit pas conduire les séances selon les règles techniques apprises une fois pour toutes, il ne doit pas les imiter, sinon on ne traitera plus d'analyse.

L'ambition de Lacan était de réarticuler les composantes fondamentales de la formation, de l'analyse personnelle, du contrôle et de l'institution du psychanalyste. Selon lui, ces modalités de formation ne doivent pas être séparées les unes des autres, mais un processus d'interaction dynamique doit s'établir entre les trois éléments. En fin de compte, l'analyse personnelle, le contrôle et l'enseignement théorique devaient acquérir le sens d'un travail analytique commun. Ainsi, Lacan a préféré le terme d'analyse de contrôle au terme de contrôle, et pour établir l'interaction entre l'analyse personnelle de l'analyste et l'institution, Lacan a proposé un modèle spécifique, qu'il a appelé passes (passes) (le mot passe, le verbe passer en français signifie passer, passer, réussir. Par exemple, passer le concours - passer le concours). Laissez-passer Si ce modèle servait comme une sorte de consentement commun, il représentait une procédure difficile pour entrer et se faire une place dans l’institution psychanalytique. Le cadre de reconnaissance et d'admission de l'analyste dans l'établissement selon les passes exigeait que le candidat (qui passe le passage du poste d'analysant au poste d'analyste) rencontre deux représentants du passe (dont établissement a été sélectionné au hasard). Les deux représentants ont dû eux-mêmes se soumettre à une analyse personnelle. A l'issue de cette procédure, les représentants du PAS devaient rencontrer deux représentants du jury et partager avec eux les impressions obtenues lors de l'entretien avec le candidat. Le but des laissez-passer était d'équilibrer la hiérarchisation et la bureaucratie caractéristiques de l'institution, car dans ce cas, la décision ne dépendait plus directement des avis et opinions du jury.

 

​Lacan a soumis la formation de l'analyste à la célèbre phrase de Freud « là où était le ça, il faut que le moi s'établisse » (S. Freud, Nouvelles conférences d'introduction à la psychanalyse (1933)) ; Cependant, en même temps, il a remplacé cette phrase par la phrase : « Où que ce soit, là, je dois naître en tant que sujet. Lacan définit ainsi l'éthique du processus analytique, qui implique le paradoxe dont naît le désir, comme une formation produite par la loi et en même temps transmise en permanence par la loi. Le but de l'analyse est que le sujet reconnaisse la loi, ce qui ne signifie pas pour autant adapter la loi à lui-même. Le sujet analysé doit reconnaître le lien profond entre la loi et le désir, ce qui signifie en fin de compte que la loi et le désir ne sont pas deux phénomènes différents mais identiques. L'analyse doit réorganiser la subjectivité.

 

​En 1967, Lacan aborde également l’une des questions les plus importantes de la psychanalyse, celle du fantasme. Le sujet peut-il interagir avec la réalité, maintenir un lien avec elle et diriger son propre désir sans fantasme ? Le fantasme crée une fenêtre, une fenêtre qui traverse la réalité. L'un des buts de l'analyse est de traverser son propre fantasme.

Jusqu'à la fin de sa vie, Lacan consacre des séminaires et des travaux à la question de la formation du psychanalyste, bien qu'il se garde de proposer un modèle définitif et abouti.

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